TROIS CHÂTEAUX, TROIS DESTRUCTIONS
LE PREMIER
La première construction d’un château dans le village est difficile à dater, mais les premières mentions d’une place forte à cet endroit sont de l’année 1118. Fief de la famille de Rochefort, qui a donnée son nom au village, celui-ci devient un point de passage obligé à l’intérieur du duché de Bretagne, entre Ploërmel et la Roche-Bernard.
Si l’année de sa construction est inconnue, la date de sa première destruction est plus précise. Elle fut décidée après la bataille de Saint- Aubin-du-Cormier, qui mettra un terme à la ‘guerre folle’. Cette bataille a lieu le 28 juillet 1488, et oppose à la frontière de la Bretagne, 15 000 hommes du roi de France à 11 000 hommes issus d’une coalition entre les troupes indépendantistes du duc de Bretagne, dont fait partie Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne et comte de Rochefort, et un agglomérat de troupes gasconnes, espagnole, anglaise et allemande. Cette journée se conclut par la fuite du comte et un massacre de la coalition bretonne, qui perd 7 000 hommes. La Bretagne aura du mal à s’en remettre, et le château des Rieux-Rochefort n’y survivra pas. Privilège du vainqueur, Charles VIII, alors mineur, ordonne sa destruction.
LA SECONDE
Il sera reconstruit quelques années plus tard, grâce à l’aide financière d ‘Anne de Bretagne, dont Jean IV de Rieux est le tuteur. Elle lui verse une somme de 100 000 écus, ainsi qu’une rente annuelle conséquente, afin qu’il renonce à ses désirs indépendantistes. Ces fonds l’aideront à financer les travaux.
Le château sera à nouveau détruit sous le règne d’un nouveau roi, Henri IV, mais ce dernier n’y est cette fois pour rien. La destruction est l’œuvre de la Sainte Ligue, mouvement catholique, violent, dont les motivations sont autant religieuses que politiques, et qui a sévit une dizaine d’années entre 1587 et 1600. Le château n’appartient plus à la famille des Rieux, sans descendants, mais à la famille De Coligny, protestante. 36 années de guerre de religion, marquées par le massacre de la Saint- Barthélémy en 1572, ont ruiné le pays, décimé sa population, mais renforcé le pouvoir royal. 4 ans avant l’édit de Nantes qui mettra un terme à ce conflit, le château de Rochefort-en-Terre est donc incendié par la volonté du gouverneur de Redon, membre de la Saint Ligue. Il renaîtra encore de ses cendres, suite à son acquisition par Vincent-Exupère de Larlan en 1673, et connaîtra plus d’un siècle de sérénité absolue.
LA TROISIÈME
La troisième destruction est plus atypique, même si elle se situe encore une fois dans une période mouvementée de l’histoire de France. La conscription en 1793 révolte les campagnes et voient chouans et républicains s’affronter. Les chouans s ’emparent du château. Mais cette fois ce ne sont pas les attaquants qui le détruisent, mais ceux qui devaient le défendre. Repris aux insurgés qui s’y étaient retranchés, sa destruction est ordonnée par les républicains, qui voient dans celle-ci le moyen le plus efficace de ne plus avoir à se préoccuper de cette propriété. Seules les écuries échapperont à cette logique radicale.
LE CHÂTEAU ACTUEL
Près de 50 ans s’écouleront avant que le château, ou au moins son parc, soient à nouveau occupés. Le docteur Juhel s’y installe en 1843, après avoir transformé les écuries en habitation. Mais la renaissance du château est à dater de l’acquisition, en 1907, de l’ensemble de la propriété par le peintre américain Alfred Klots. Celui-ci modifie totalement l’édifice, y ajoute tours et étage, pour le transformer en une demeure à nulle autre pareille.
Cette propriété appartient depuis l’année 2013 à la commune. De gros travaux de restauration vont être engagés à partir de la fin d’année 2016, mais le parc vaut une visite à lui seul. Vous pourrez y découvrir le musée Naïa Museum ouvert en 2015, ou assister à l’une des nombreuse manifestations qui s’y déroulent. L’office de tourisme organise également des visites guidées du parc du château.
Un regard sur la sorcière du château
En quelques dates
- 1488 : première destruction ordonnée par Charles VIII, après la bataille de Sait-Aubin du Cormier
- 1594 : seconde destruction par le gouverneur de Redon, François de Talhouet. Il incendie le château
- 1793 : troisième destruction par les républicains
- 1843 : les écuries sont transformées en habitation
- 1907 : le peintre Alfred Klots rachète la propriété
- 1978 : le Conseil général devient propriétaire, la famille Klots gardant l’usufruit
- 2013 : le département en fait don à la commune
Vous pouvez aussi grace à l’application GUIDIGO, effectuer une visite virtuelle du château en suivant ce lien: